Aller au contenu

#1 22-04-2024 15:36:41

tomtom015
Membre
Lieu : Vaucluse
Inscription : 22-01-2024

[Récit + liste] Premiers pas en Auvergne - Août 2021

Bonjour,

je publie ce nouveau récit car cette randonnée me tient à cœur, même si elle date un peu et qu’elle fut relativement courte.

A cette époque je n’avais jamais mis les pieds en Auvergne. Les volcans, le massif central, tout cela m’évoquait vaguement des souvenirs scolaires, et puis cette région apparaît souvent dans les incontournables des bouquins de randonnée, mais à part ça je ne la connaissais pas.

Le médecin/généticien/écrivain/randonneur Axel Kahn parle souvent de cette région dans ses livres. Il en a arpenté maintes et maintes fois les massifs, notamment lors d’une itinérance à travers le PNR des volcans d’Auvergne où il conte la fois où après une nuit de bivouac affreuse, un vent glacial déchaîné à 1400m d’altitude vers le Sancy, ses compères et lui tombent au petit matin sur un vieillard emmitouflé dans une couverture de survie, ses cannes anglaises posées à côté de lui. Ce monsieur a visiblement passé la nuit dehors, avec cette simple protection, alors qu’Axel et ses amis ont eux-mêmes souffert de cette nuit terrible, malgré la protection de leurs tentes et de leurs duvets. Ils lui porteront assistance et réussiront à l’évacuer sain et sauf.

Je commence à élaborer un parcours, en essayant de retracer ce fameux chemin. Il explique qu’après avoir gravit le Sancy ils ont bivouaqué sur le plateau de la Durbise, et le lendemain ils ont suivi le GR4 en franchissant successivement Puy de l’Angle, Puy de Monne et Puy de la Tâche, et que le vieux monsieur a été retrouvé dans un brouillard intense au niveau du Puy de Monne.

Un ami est de la partie, nous nous rendrons sur place en voiture, j’essaie donc d’élaborer une boucle. Le topo-guide du PNR des volcans d’Auvergne m’aide à tracer cet itinéraire. Je vois sur la carte St Nectaire, je me dis humm, cela peut être une bonne occasion pour trouver du fromage direct producteur ! Près de là il y a le village de Murol, la carte y indique un château, je me renseigne, il s’agit d’un des lieux de tournage de Kaamelott. J’ai déjà évoqué dans un autre récit (Ardèche 2023) être fan de cette série, cela nous donne une raison supplémentaire de passer par là !
Bon, la boucle semble toute tracée… Nous avons 3-4 jours à notre disposition, nous partirons du lac Pavin, puis nous enchaînerons sur Super-Besse / Puy de Sancy / Puy de l’Angle / Puy de Monne / Puy de la Tâche / Col de la croix Morand / St Nectaire / Murol / Besse et retour à la voiture.

Joli programme !

Comme évoqué également dans mes autres récits, mes amis et moi ne sommes pas sportifs à proprement parler mais surtout nous sommes loin d’être « MUL », surtout à l’époque ! Juste un exemple, mon collègue avait emporté un maillet Decathlon pour planter ses sardines ! Cela vous donne une idée… Bon, le reste du sac restera entre nous…

Nous nous garons sur le parking du lac Pavin, au Sud du Puy-de-Dôme, le temps est à la pluie. Peu de monde donc, nous préparons nos sacs et vers 10 heures nous nous mettons en route. Ce lac est très renommé, surnommé le lac du Diable à cause de ses courants improbables, il forme quasiment un cercle parfait et il est également le plus jeune volcan de France. Hâte de voir ça ! Bon, un peu comme pour ma découverte du cirque de Navacelles (cf récit ici), l’admiration sera quelque peu atténuée par le brouillard épais ce jour-là, nous voyons bien la rive du lac mais pas beaucoup plus. L’atmosphère est très humide et nous sentons la fraîcheur de l’altitude (1200m). Quelques touristes sont présents, nous entamons notre marche en contournant le lac par la gauche (ou par la droite selon comment on regarde) en suivant le PR qui s’élève dans une forêt de hêtres. Des roches magnifiques, des arbres tortueux, des fougères, de la mousse, c’est superbe. Montée sympathique (ça veut dire qu’on en bave) puis nous rallions le GR4.

8ehTxGPZ6.IMG_20210824_101920.jpeg

Touriste dans la brume au Lac Pavin
8ehTAVA1m.IMG_20210824_103723.jpeg

8ehTBHgCo.IMG_20210824_103833.jpeg

8ehTCpTHT.IMG_20210824_105135.jpeg

8ehTDbfI2.IMG_20210824_105138.jpeg

8ehTE0eL2.IMG_20210824_105143.jpeg

Le sentier continue jusqu’au hameau de Vassivière. Plusieurs petits bâtiments dont une chapelle, au style très Auvergnat, à savoir en pierres assez austères mais que j’aime beaucoup. Nous traversons un troupeau de vaches, mon collègue qui les craint fait un joli détour pour les contourner (oui je vais exposer tous ses défauts, de toute façon vous ne le connaissez pas lol ), puis nous arrivons à Super-Besse. Nous faisons notre première pause sous un abribus car il commence à pleuvoir, et prenons notre repas de midi. Le moral est bon malgré le temps maussade et froid, mais nous sentons que nous sommes trop chargés. Nous avons de quoi tenir 2/3 jours en nourriture, mais également en boisson… Ce qui fait du poids.

Nous nous remettons en route, nous passons à proximité du lac des Hermines et traversons une partie du village. Le vent se lève, et tout est opaque en altitude. Le haut du Sancy est invisible à cause du brouillard, nous nous rendons compte que nous allons devoir grimper tout ça, affronter les conditions météo difficiles et possiblement y bivouaquer. Nous commençons à réfléchir sur la faisabilité de la chose, est-ce bien raisonnable d’aller bivouaquer là-haut avec un temps pareil ? Je commence à repenser à Axel Kahn et sa nuit horrible…

8ehTJGYfI.IMG_20210824_121546.jpeg

Vassivières
8ehTLTjf9.IMG_20210824_121554.jpeg

Le troupeau effrayant
8ehTMBHVa.IMG_20210824_123036.jpeg

Lac des Hermines, Super-Besse
8ehTNZTeQ.IMG_20210824_134031.jpeg

Nous voyons que le télésiège de la Perdrix est en fonction. Nous nous demandons s’il ne serait pas plus sage de l’emprunter pour nous avancer dans l’ascension, ce qui nous ferait gagner quelques heures et nous permettrait d’avoir le temps de redescendre en altitude pour ne pas passer la nuit là-haut. Au niveau fierté de marcheur c’est un peu la loose, mais d’un point de vue sécurité c’est tout de même mieux. Nous optons pour cette option, et j’entre pour chercher nos tickets au guichet. Mon copain qui a tendance à être super lent (je vous ai dit que je balancerai tous ses défauts) met ce qui me paraît des plombes à me rejoindre, puis nous prenons nos billets. La dame au guichet nous avertit, il y a un temps de dingue là-haut, brouillard opaque et vent violent, il est peu probable que nous nous y amusions. Nous décidons d’y monter tout de même, de toute façon nous ne pouvons pas rester là. Nous nous approchons de l’entrée du télésiège et là, le voilà à l’arrêt. Cela paraît normal pour y accéder me direz-vous, mais les gens semblent attendre. Il y a beaucoup de vététistes, impatients de grimper et de se taper une descente de folie ! Nous attendons. Encore et encore. Au bout d’un moment nous demandons ce qu’il se passe, on nous répond que le télésiège s’est arrêté et qu’ils n’ont aucune autre information. Après réflexion nous décidons de faire comme prévu initialement, de nous remettre en route et de gravir le Sancy à pied ! Honnêtement, intérieurement cela me convient mieux. Le fait de « gruger » la montée en télésiège ne me satisfaisait pas vraiment, nous allons certainement en baver mais en même temps nous sommes plutôt là pour ça ! S’il fait mauvais tant pis, nous avons sur nous tout ce qu’il faut pour manger, boire, nous abriter, nous réchauffer, alors en avant !

Nous entamons l’ascension par le GR4. Ça grimpe sévère, assez rapidement, oui en même temps nous sommes sur une piste de ski. Nous nous élevons (pas spirituellement malheureusement), nous voyons les pauvres personnes qui sont bloquées dans le télésiège (« quand te reverraaaais-je ? » Evidemment une pensée pour Jean-Claude Duss, ça fait toujours plaisir). Je me mets à penser que si mon collègue avait été moins lent pour me rejoindre au guichet, nous aurions pris les billets plus vite, nous serions montés dans le télésiège, et nous nous serions retrouvés bloqués nous aussi ! A 5 minutes près… Comme quoi des fois… Nous n’avons pas que de la malchance. Cela met un peu de baume au cœur, il en faut pour une telle montée, chargés comme nous le sommes. J’évalue mon sac à 14/15kg, quant à celui de mon collègue… 18 serait tout à fait possible. Du coup c’est compliqué. Très rapidement nous avons une belle vue sur la station, sur les environs. Nous passons sous des télésièges et des remonte-pentes, ce n’est pas spécialement joli pour le moment. Nous grimpons, pas à pas… Le sommet est toujours invisible, le brouillard très épais, et le vent souffle de plus en plus fort. Nous ne sommes pas les seuls randonneurs à tenter l’ascension, mais tout le monde galère, certains s’arrêtent en attendant des conditions meilleures.

Nous rejoignons une piste carrossable et arrivons au col du Couhay. Apparemment le télésiège s’est remis en route, les passagers doivent être soulagés car la panne a duré un moment. Nous passons devant le terminus du télésiège, les vététistes sont ravis et prêts à en découvre avec cette belle descente ! Nous comprendrons par la suite que nous avons quitté le GR4 par erreur en suivant la piste carrossable, ce qui nous ajoutera un peu de dénivelé. Il y a tellement de brouillard que nous ne voyons rien du décor qui nous entoure, nous distinguons seulement à quelques mètres devant nous. Et avec les rafales qu’il y a, nous avons plutôt la tête baissée… Du coup prendre un sentier ou un autre, il n’y a pas beaucoup de différence au niveau des paysages ! Nous souffrons, les conditions météos, le dénivelé (+500m sur 4km), sans avoir le plaisir de la belle vue ! Mais comme toujours les efforts finissent par payer, nous franchissons le col de la Cabane et là…

Le temps se découvre comme par enchantement !! A peine le col franchi, la vue se dégage instantanément, la montée est terminée, la vue est superbe ! Moment très fort… Nous avons le sommet du Sancy sous nos yeux, c’est la première fois que nous le voyons depuis notre départ du lac Pavin ! C’est sublime. La vue est bien dégagée côté Nord, côté Mont-Dore. Nous apercevons un refuge un peu plus loin. La tentation est forte d’aller le rejoindre pour se mettre au chaud, mais il n’est pas à proprement parler sur notre route et un détour ne nous semble pas envisageable. Tout comme la montée jusqu’au sommet du Sancy, honnêtement nous n’avons pas la force de la faire, ce n’est pas grave, nous pouvons déjà être fiers de notre ascension.
Nous poursuivons le GR4 en direction du Roc de Cuzeau, car le temps reste compliqué (beaucoup de vent) et nous sommes en altitude, nous aimerions redescendre afin de bivouaquer un peu à l’abri. Nous enchaînons le Pan de la Grange, le Puy de Cacadogne et le Puy des Crebasses. Nous sommes donc en face de la vallée de Chaudefour, une zone naturelle sensible strictement protégée. Nous sommes conscients de la chance que nous avons d’être ici, malheureusement les conditions météos nous empêchent de savourer pleinement, nous avons surtout en tête d’avancer afin de trouver un endroit abrité du vent. Les organismes sont fatigués, mais en l’absence de coin plat et protégé nous continuons notre route. Le Roc de Cuzeau se dresse devant nous, il me semble interminable à franchir. Toujours pas d’endroit convenable, il nous faut entamer la descente vers le Col de la Croix St Robert. Le chemin est magnifique avec ces ornières creusées par les randonneurs. C’est dommageable au niveau de l’érosion, d’ailleurs certains sentiers du Puy-de-Dôme sont très réglementés afin de les préserver, mais il faut avouer que c’est très beau. Nous entendons des cris de marmottes durant la descente, sans jamais les voir. Nous finissons par arriver en bas, à quelques dizaines de mètres de la route. Nous sortons du sentier pour aller trouver un endroit à l’écart, nous allons bivouaquer sur le plateau de la Durbise. Exactement comme Axel Kahn et ses compères, il y a peut-être plus de 30 ans. Cela me fait énormément plaisir…

Exténués, ravis d’être enfin arrivés, nous plantons les tentes et faisons quelques étirements bien nécessaires. Mon collègue a mal à un tendon (ou ligament, je ne sais jamais) sur le côté du genou, certainement le résultat d’un trop gros dénivelé, trop fortement chargé. Quant à moi j’ai mal, partout…

Voici pour nos premiers pas en Auvergne. Ce n’est certainement pas l’étape la plus facile, ni la plus difficile j’imagine, mais malgré tout nous avons vu des choses magnifiques aujourd’hui. Et vécu des émotions fortes.

Bonsoir l’Auvergne !!

J1 : 20km  + 920m  -660m

Vue sur Super-Besse
8ehTTFOhA.IMG_20210824_144639.jpeg

Un mulet Vauclusien sur le Sancy
8ehTVJiuK.IMG_20210824_161536.jpeg

Refuge en haut du Sancy et vue côté Mont-Dore
8ehTYPloA.IMG_20210824_161622.jpeg

Sommet du Sancy, enfin (presque) visible
8ehU1jOAr.IMG_20210824_161725.jpeg

Vallée de Chaudefour
8ehU4dD7I.IMG_20210824_171516.jpeg

8ehU5S1Gs.IMG_20210824_173004.jpeg

Descente vers le plateau de la Durbise
8ehU7V30d.IMG_20210824_181647.jpeg

8ehUa5j2E.IMG_20210824_181651.jpeg

8ehUcDYhh.IMG_20210824_202357.jpeg

8ehUdy7QO.IMG_20210824_203608.jpeg

8ehUeet0C.IMG_20210824_203616.jpeg

J2 : Nuit fraîche en ce mois d’août, je me lève tôt et tout est embrumé ce matin (surtout moi). Le brouillard disparaît très vite, puis le soleil commence à pointer le bout de son nez. Je vois l’avancée de la partie éclairée, j’ai hâte qu’elle arrive jusqu’à nous afin que les rayons nous réchauffent et sèchent toute l’humidité ! Le collègue dort encore, j’ai le temps de commencer à replier mes affaires.
Nous nous mettons en route vers 10 heures, le ciel est bien dégagé mais on sent que cela peut changer à tout moment. Nous sommes au Col de la Croix St Robert, une succession de puys nous attend pour arriver au Col de la Croix Morand.

Grosse montée d’entrée de jeu pour arriver au sommet du Puy de l’Angle, toujours en suivant le GR4. Le paysage est superbe, nous avons la vue bien plus dégagée qu’hier, nous allons pouvoir en profiter. L’herbe est bien verte et rasée de près (supers les jardiniers en Auvergne), nous voyons beaucoup de puys (anciens volcans), c’est vraiment magnifique. Nous apercevons plus bas sur notre route pleins de petits points blancs, il s’agit d’un troupeau de moutons. Aïe, le premier réflexe du copain est de s’inquiéter par rapport aux patous (oui s’il a peur des vaches, je vous laisse imaginer pour les patous…). Je commence à descendre, lui est incapable d’avancer. Je m’approche doucement, je cherche le berger du regard. Il me semble l’apercevoir plus loin, assis dans l’herbe, je lève la main pour attirer son attention. Je ne sais pas s’il me voit, mais je suis bien obligé d’avancer puisque le troupeau est étendu sur la totalité de l’espace disponible, le sentier est en plein milieu. J’essaie d’avancer très calmement pour ne pas créer de mouvement de panique, j’aperçois un patou qui promène dans le troupeau. Il n’a pas l’air vindicatif, je continue tranquillement. Petit à petit il se rapproche de moi, je reste immobile, il me renifle vite fait puis passe son chemin. C’est bon, le test du patou est réussi, je fais signe à mon collègue de me rejoindre. Je suis émerveillé par les moutons, c’est génial d’être au milieu d’eux, j’adore les troupeaux. Il y a même des ânes. En plein milieu des énormes rochers, un père et son fils sont assis dessus, observant le troupeau en hauteur. On discute un peu, le gamin doit avoir dans les 10 ans, ils font tous les 2 une marche de quelques jours en autonomie. Génial de partager ça avec son enfant ! Ça a l’air de lui plaire en tout cas.

Mon collègue finit par me rejoindre, ça ne s’est pas fait tout seul. Nous franchissons le troupeau et continuons notre route. Nous apercevons le lac Chambon au loin (qui doit son nom à la présence de fleurs très odorantes parait-il), nous sommes en approche du Puy de Monne, où le vieillard avait été retrouvé au petit matin dans sa couverture de survie. J’essaie d’imaginer ce que ça doit être de passer la nuit ici, seul dans le vent glacial, sans abri et sans duvet ! Dur dur… Dernière ascension jusqu’au sommet du Puy de la Tâche, qui avait encore un télésiège en fonction à l’époque du récit d’Axel Kahn (c’est pour cela que je daterai cette histoire vers les années 80, mais des locaux pourraient peut-être m’éclairer), aujourd’hui il ne reste qu’un petit local désaffecté pour en attester. Beaucoup de randonneurs y prennent le casse-croûte, c’est notamment dû à la présence très proche du Col de la Croix Morand un peu plus bas, avec son parking et son auberge. Une belle descente nous attend pour le rejoindre et prendre une pause bien méritée.

Réveil sur le plateau de la Durbise
8ehUjNJBA.IMG_20210825_092931.jpeg

Vue depuis le puy de l'Angle
8ehUmPJ0c.IMG_20210825_105954.jpeg

8ehUnxFOk.IMG_20210825_110718.jpeg

8ehUobuFx.IMG_20210825_110755.jpeg

8ehUoSUI8.IMG_20210825_110812.jpeg

8ehUpU5iu.IMG_20210825_110912.jpeg

8ehUqsWzr.IMG_20210825_110948.jpeg

8ehUr612x.IMG_20210825_111652.jpeg

8ehUs5q5a.IMG_20210825_111657.jpeg

Vue sur le lac Chambon
8ehUtK1HG.IMG_20210825_113026.jpeg

Transat au soleil (lorsqu’il veut bien se montrer), boissons fraîches, remplissage de gourde, enlevage de chaussures et de chaussettes, bref parmi les meilleurs moments d’une rando. Nous étudions la suite du parcours, nous allons continuer sur le GR mais très vite bifurquer plein Est par un PR pour nous diriger direction Saint Nectaire. Au revoir et merci le GR4 !

Nous nous retrouvons dans une forêt de résineux, le terrain est relativement plat, cela nous change de la chaîne de puys que nous venons de traverser. Il y a beaucoup de framboisiers dans les environs, miam. Nous faisons la pause casse-croûte dans le bois de Saignes. J’ai les jambes bien lourdes, le collègue aussi mais il est surtout embêté par sa douleur à côté du genou. Il craint pour la suite du parcours. Nous nous remettons en route, nous approchons de la civilisation (en tout cas de fermes agricoles) et rallions le hameau de Saignes. Dans une ruelle un chien en liberté nous aboie assez violemment (vous imaginez l’état de mon copain), j’essaie de garder mon calme, de lui parler doucement tout ça… Il ne nous attaque pas mais il ne semble pas vouloir nous laisser passer non plus, et il n’y a pas d’humain aux alentours pour nous venir en aide. C’est un genre de vieux border-collie, peut-être aigri d’être à la retraite car là vraiment il n’y a pas de troupeau à proximité à protéger ! Nous n’avons pas vraiment de solution de repli, quand on recule il s’avance et quand on avance il aboie. Alors comment voulez-vous que l’on… s’en sorte. Je commence à saisir ma bombe au poivre car là vraiment la situation est bloquée, je ne m’en suis jamais servi mais là j’ai le sentiment qu’il n’y aura pas d’autre choix. Heureusement le chien finira par partir, nous arrivons à franchir ce hameau et continuer notre route.

Nous continuons de suivre le PR et envisageons de trouver un coin pour la nuit. Nous sommes entourés par des prés avec des troupeaux de vaches, ou avec des tracteurs qui travaillent la terre. Nous cherchons un coin discret où nous n’embêterions personne, la fatigue nous amènera à choisir rapidement et à nous satisfaire d’un spot relativement basique. Nous sommes bien crevés, mal partout, mon collègue est inquiet pour son genou. La journée fut rude, nous ne ferons pas long feu ce soir…

Bonne nuit !

J2 : 18km  +450m  -900m

8ehUym3zO.IMG_20210825_172655.jpeg

8ehUz4497.IMG_20210825_172813.jpeg

8ehUAt7Hz.IMG_20210825_173911.jpeg

8ehUBanAz.IMG_20210825_175329.jpeg

8ehUBMtk7.IMG_20210825_200741.jpeg

8ehUCy1bj.IMG_20210826_072524.jpeg

J3 : Nous replions nos affaires, le collègue a très mal au genou et est inquiet. Moi j’ai mal aux pieds et les jambes sont lourdes, mais dans l’ensemble ça va. Les sacs sont moins lourds puisque nous avons consommés toutes nos victuailles, boissons et nourriture que nous nous coltinions depuis le lac Pavin. Nous nous mettons en route, direction St Nectaire et ses commerces pour le ravitaillement. La carte indique un menhir (il est coupé en 2, coupe très nette), puis plus loin un dolmen hors du PR. Nous choisissons de faire le crochet pour aller le voir, grand bien nous a pris car la partie qui nous attend sera magnifique. Le dolmen en lui-même est quelconque, sans l’écriteau à côté nous ne l’aurions même pas vu, mais imaginer qu’il a été érigé entre 3 et 5000 ans avant notre ère, cela laisse tout de même songeur. Nous poursuivons par ce chemin non balisé, une bonne descente qui fait bien souffrir les genoux de mon copain. La végétation est magnifique, une forêt de chênes et de pins avec une ambiance très celtique, druidique je dirais, un peu enchantée. Ou alors est-ce juste par ce que j’ai vu un menhir et un dolmen juste avant et que je me crois dans Astérix, je ne sais pas. En tout cas super descente, moi j’adore ça !

Arrivés à St Nectaire, mon collègue fonce à la pharmacie pour son genou, et moi à l’épicerie pour du saucisson et du fromage (j’en connais un qui va repartir avec un sac bien lourd…). La pharmacienne lui conseille du baume du tigre (grrrrrr), et émet l’hypothèse qu’il a trop forcé sur son genou. C’est une possibilité nous sommes bien d’accord. Le voilà un peu rassuré, ça devrait passer avec du repos et du baume. Après une longue pause et un bon ravitaillement, une obligation familiale me rappelle à la maison. Nous sommes près de Murol, j’ai vraiment envie de visiter le château, nous choisissons de poursuivre jusque là-bas, puis nous ferons du stop pour revenir jusqu’à la voiture.

8ehUHyGVa.IMG_20210826_094251.jpeg

Mi-menhir
8ehUKPoXl.IMG_20210826_095338.jpeg

Nous voici maintenant sur le GR30, un GR qui me fait désormais rêver, puisqu’il s’agit du tour des lacs d’Auvergne ! Ce doit être fantastique, une boucle à travers ce fabuleux PNR, au frais, à cette altitude, à rallier lac sur lac… A faire un jour.  Nous traversons la route au niveau d’un parc animalier, qui annonce entre autres des « myocastors ». Bon sang de bonsoir, mais qu’est-ce donc ??? J’apprendrais par la suite en le visitant avec ma famille qu’il s’agit du véritable nom des ragondins. Et bien, croyez-moi croyez-moi pas, cet animal est super gentil, propre, très affectueux, et très doux ! Voilà pour la parenthèse animalière. Peu après nous serons en vue du château de Murol, qui domine la vallée du haut de son promontoire rocheux, il a l’air assez classe. Nous traversons le hameau de Chautignat, petite pause à la fontaine publique (ils ont de l’eau en août, il faut que je déménage ici), puis nous croisons 2 jeunes randonneurs dont un qui porte un grand drapeau en plus de son gros sac. Nous discutons, ils nous expliquent qu’ils font le GR30 dans son intégralité afin de récolter des fonds pour un ami handicapé, ils sont de Bretagne si ma mémoire est bonne. Je leur donne toutes les pièces qui me restent (avant tout pour perdre quelques grammes je l’avoue) et nous leur souhaitons bonne route.

Peu après nous voilà au pied de la montée qui mène au château de Murol, mon collègue ne vient pas avec moi car il n’est pas vacciné contre le Covid, du coup il ne pourra pas entrer (ça fait chelou maintenant mais à l’époque c’était normal). La visite sera géniale, je vous passe les détails mais vraiment ce château est à voir. Je le fais comme il faut, visite guidée et tout, c’est super chouette. Ils y ont tourné des scènes du film Kaamelott (la forteresse de Carmélide pour les passionnés). A un moment on se retrouve tout en haut, sur une plateforme avec une vue à 360° et des tables d’orientation. On aperçoit très bien le Puy de Sancy, le Roc de Cuzeau, et les cols et les puys que nous avons franchis. Je suis pris d’émotions, quand je réalise ce que nous avons parcouru à pied, en si peu de temps, avec le chargement de mulets que nous avons sur le dos. Tout est là, sous mes yeux, je trouve toujours incroyable qu’il soit possible de parcourir de telles distances à pied. Magique.

Château de Murol en vue
8ehUNP3jv.IMG_20210826_133733.jpeg

8ehUPiRYk.IMG_20210826_160658.jpeg

8ehUQ21O2.IMG_20210826_161023.jpeg

Murol vu du château
8ehURXYlJ.IMG_20210826_162821.jpeg

8ehUW9fn4.IMG_20210826_163336.jpeg

8ehUZ30HB.IMG_20210826_163753.jpeg

8ehUZOXDT.IMG_20210826_163830.jpeg

8ehV1fhab.IMG_20210826_164014.jpeg

8ehV22xzl.IMG_20210826_164226.jpeg

8ehV2Pnjb.IMG_20210826_164904.jpeg

8ehV4LlbX.IMG_20210826_170626.jpeg

8ehV5tEh2.IMG_20210826_172912.jpeg

Allez retour à la réalité, nous devons rentrer. Nous faisons du stop à la sortie de Murol, une heure avant la tombée de la nuit. J’aimerais arriver à la voiture ce soir, mais si personne ne nous prend ce sera plutôt demain. Une voiture finit par s’arrêter, un monsieur et ses 2 ados dans une petite voiture. Il n’avait pas vu mon copain assis plus loin, ni nos sacs… Je ne lui laisse pas vraiment le choix, je le prends « par les sentiments », et il nous embarque tous les 2 avec notre chargement, c’est assez folklore dans la voiture. Merci m’sieur !

Retour au lac Pavin, nous sommes partis seulement avant-hier mais j’ai l’impression que c’était bien plus long. Beaucoup d’émotions, beaucoup d’efforts fournis, nous sommes malgré tout fiers de nous car nous n’avions jamais réalisé ce genre d’aventure à ce jour.

J3 : 11km  +270m  -400m

Total :  49km  +1640m  -1660m

Bilan :

Superbe randonnée. Le Sancy, les puys, la vue, les lacs, les petits villages magnifiques (Besse, Murol), la végétation, la fraîcheur, l’eau… Cette région fut une sacrée découverte, depuis il ne se passe plus une année sans que nous y retournions en famille. Désormais, un de mes rêves serait de traverser l’Auvergne à pied…

Côté matériel, évidemment la leçon a été comprise par rapport aux sacs trop lourds (je ne connaissais pas ce forum à cette époque), depuis j’ai pas mal épuré mon matériel, même s’il reste du chemin à faire. Je mets ma liste car c’est « la tradition » et que je joue le jeu, mais nous sommes bien d’accord que j’aurai préféré ne pas la mettre ! De toute façon tout n’apparaît pas, la liste des victuailles restera entre moi et… le Sancy lol

MERCI l’Auvergne !!!


PRODUITMarqueModèle/ComplémentPoids (gr)
BIVOUAC3400
SAC A DOSOspreyExos 58 avec Housse anti-pluie Decathlon1350
TENTE 1 PLACESix Moons DesignSkyscape Trekker + 6 sardines1040
DUVET 15 DEGRESSea to summitQuilt Ember 1420
REACTORSea to summit260
MATELAS MOUSSEHighlanderCamper mat250
FRONTALEPetzlACTIK CORE80
CUISINE/HYDRATATION790
COUTEAUVictorinoxMini20
COUVERTToaskpetite cuillère titane10
GOURDE FILTRANTEKatadyn1l BeFree60
POCHE A EAUHydrapak3L Shape shift140
RECHAUD A BOISBushboxUltralight60
BRULEUR A  ALCOOLTrangia100
POPOTE TITANE1L100
TASSE ALU40
ALCOOL A BRULER25cl250
ALLUMETTES1 boîte10
SANTE300
VIE QUOTIDIENNE1554
LACRYMO70
POCHETTE ETANCHEPapiers identité, clés50
SERVIETTE BAINSea to summitDrylite L 60 x 120140
CORDAGES80
FEUILLE/STYLOstylo bic coupé en 35
CARTES IGNIGNMassif du Sancy100
BALISE GPSSpotGen 4140
BATTERIE EXTERNEBaladeoNomade 6600170
TOPO GUIDEFFRPNR volcans d’Auvergne250
LUNETTES SOLEILCairnavec boîte120
LUNETTES VUEavec boîte100
DUCK TAPEMini rouleau4
SACS ETANCHESSea to summitX 5100
CHARGEURCrosscall60
SACS PLASTIQUES10 L x 515
LIVREAxel Kahn : "Pensées en chemin"150
VETEMENTS DANS LE SAC2110
VESTEBlack DiamondLiquid point shell430
VESTENorth FaceResolve500
POLAIREPatagoniaPolaire Performance Better Sweater540
T-SHIRTRabInterval100
TOUR DE COUIcebreaker40
CHAPEAU VERTHaglofsSolar IV hat75
BONNETMcKinley40
CHAUSSETTESX-socks60
CALECONPuma boxer long85
SHORTMcKinley200
MULESArklight Design40
TOTAL A VIDE8154

Parcours emprunté : Auvergne 2021

Dernière modification par tomtom015 (23-04-2024 11:00:44)

Hors ligne

#2 22-04-2024 20:24:25

foxof
Membre
Lieu : Grenoble
Inscription : 15-05-2022

Re : [Récit + liste] Premiers pas en Auvergne - Août 2021

Merci pour ce récit et ces jolies images smile


"Une fois là-haut, il n'y a plus qu'à continuer"

Hors ligne

#3 23-04-2024 16:45:12

tomtom015
Membre
Lieu : Vaucluse
Inscription : 22-01-2024

Re : [Récit + liste] Premiers pas en Auvergne - Août 2021

Je te remercie.

A l'époque j'avais le Crosscall M1-core pour prendre les photos, du coup malheureusement il y en a très peu de réellement réussies. J'ai changé de smartphone depuis, principalement pour cette raison.

Voici une photo prise du donjon du château de Murol, 4 mois plus tard, lorsque j'y suis retourné avec ma famille. On voit bien ce que j'explique dans le récit, lorsque je me suis retrouvé face au massif que l'on venait de traverser.

De gauche à droite le Sancy, le Roc de Cuzeau, le Col de la Croix St Robert, le Puy de l'Angle, le Puy de Barbier, le Puy de Monne, le Puy de la Tâche et le Col de la Croix Morand  pouce

8ejBwnZWP.IMG_20211230_164819.jpeg

Hors ligne

Pied de page des forums