[Récit + liste] Arc Alpin

WouinWouin · 29-05-2024 16:48:07

Préambule

En septembre 2022, après avoir terminé la HRP, je commençais à réfléchir où j’allais pouvoir me balader pour l’été 2023. J’étais tenté par une HRA ou un chemin des cols alpins Suisse mais je n’arrivais pas à me décider. En janvier, les étoiles s’alignent pour me dégager plus de temps que d’habitude et je vais pouvoir m’absenter de mon travail durant 2 mois. C’est à partir de ce moment-là que je me suis décidé à me planifier une traversée de l’arc alpins. Cela me permettait de réunir une HRA et un chemin des cols alpins tout en y ajoutant une troisième partie.

Je tiens à remercier les contributeurs de ce forum qui m’ont permis d’établir un tracé prévisionnel (En particulier Hervé, Noiky, Bruno, Shanx et sjeanmarc) ainsi que d’avoir une liste de matériel qui me correspond bien.

En me lançant dans cette aventure, je m’engage sur mon plus long tracé. Mon expérience de randonneur débute en 2021 et j’ai une GTA, une HRP et quelques jours dans les Vosges comme expérience en montagne. J’ai donc encore beaucoup à apprendre et je vais être servi !

La préparation

Je prends beaucoup de plaisir à la préparation de mes randonnées. De janvier à juin, je passerai pas mal de temps à regarder des cartes, trouver des points de ravitaillements et lire des récits afin de déterminer un tracé “idéal”. Je sais par avance que je ne le suivrai pas toujours, mais il restera un fil conducteur de mon aventure. Avec 1869km et 127km de D+/D-, il ne faudra quand même que je ne traine pas trop mais mon expérience sur la HRP me laisse penser que c’est jouable. En cas de retard sur les prévisions, des petits raccourcis sont prévu afin de gagner un peu de temps.

Contrairement aux années précédentes, je passerai beaucoup moins de temps à tester du matériel ou à aller marcher pour me préparer physiquement. Une partie importante de mon matériel m’est déjà connue. Pour la condition physique, je ne dispose de que de peu de temps libre pour faire cela correctement et mes expériences précédentes me montre que quoi je je fasse, la forme viendra en marchant. Je pars donc avec un niveau de forme plus bas que les années précédentes mais avec une confiance en moi accrue.

Liste matériel 3.8kg de poids de base

Lighterpack

Ce qu'il y a dans le sac

Une fois rempli

Index

Le tableau récapitulatif qu’Hervé avait proposé pour son récit “Les alpes à fleur de Pô” m’ayant été très utile, je me permets de reprendre cette idée.

Jour	Date	Départ	Arrivé	Nuit	Km	D+	D-	Temps de marche	Météo	Gpx	Récit
0	14/07/23	Bruxelles	Trieste	Train	/	/	/	/	/	/	Jour 0
1	15/07/23	Trieste	Senozece	Auberge	35,95	1081	503	8h18	Beau, Chaud	Tracé J1	Jour 1
2	16/07/23	Senozece	Razdrto/Idrija	Hotel	18,97	891	896	6h31	Beau, Chaud	Tracé J2	Jour 2
3	18/07/23	Idrija	Cerkno	Hotel	33,47	1307	1286	9h44	Beau, Chaud, Orage Nocturne	Tracé J3	Jour 3
4	19/07/23	Cerkno	Merjasec	Refuge	36,34	2742	1525	11h44	Beau, Orage	Tracé J4	Jour 4
5	20/07/23	Merjasec	Trenta	Camping	34,29	1452	2341	12h19	Beau, Orage Nocturne	Tracé J5	Jour 5
6	21/07/23	Trenta	Unterthorl	Tente	41,94	2269	2125	11h02	Brouillard, Orage	Tracé J6	Jour 6
7	22/07/23	Unterthorl	Sagranberg	Tente	24,22	2234	1032	7h10	Nuageux, Orage, Éclaircie	Tracé J7	Jour 7
8	23/07/23	Sagranberg	Nassfeld	Hotel	27,61	1321	1639	8h23	Beau, Nuageux	Tracé J8	Jour 8
9	26/07/23	Nassfeld	Casera Pal Piccolo	Bivacco	36,57	2033	2072	11h57	Brouillard, variable, orage nocturne	Tracé J9	Jour 9
10	27/07/23	Casera Pal Piccolo	Hochweiss Steinhaus	Refuge	28,27	2299	1949	10h50	Beau	Tracé J10	Jour 10
11	28/07/23	Hochweiss Steinhaus	Kartitsch	Tente	32,94	1848	2346	10h45	Beau, Chaud, Orage Nocturne	Tracé J11	Jour 11
12	29/07/23	Kartitsch	Schwarzee	Bivacco	37,78	2390	1245	10h00	Beau, Orage	Tracé J12	Jour 12

Dernière modification par WouinWouin (05-07-2024 15:57:23)

WouinWouin · 29-05-2024 16:49:26

Journée 0

Mon aventure débute à la mi-journée à la gare de Soignies avec un aurevoir un peu émouvant avec ma compagne. Mon objectif de la journée est de me rendre à Stuttgart où je prendrai un train de nuit. Pour ce faire, j’enchainerai les trains (Soignies – Bruxelles – Cologne – Stuttgart). Tout cela se passera bien en dehors d’un long détour pour atteindre Cologne mais cela n’impactera pas mon trajet. J’avais prévu de long délai de correspondance connaissant la fiabilité des trains allemands depuis la libéralisation.

Arrivé en fin de journée à Stuttgart, j’aurai bien de mal à trouver quelque chose à manger. La gare et la zone autour étant en travaux, je me contenterai d’un petit sandwich industriel comme repas avant de monter dans mon train de nuit. Celui-ci doit me conduire à Udine où je prendrai mon dernier train en direction de Trieste. Le sommeil ne sera pas facile à trouver avec l’excitation du départ après la longue préparation.

Mon lit pour la nuit

Hervé27 · 29-05-2024 16:50:43

Chouette, on repart en voyage !

bernard_lyon · 29-05-2024 17:22:27

Oh, bonne surprise
Abonné !

NikoWTFIRL · 29-05-2024 17:54:38

hello,

très excité de te lire à nouveau!
Je suis très impressionné par ta liste, tu n'as aucun vêtement sorti du système 3 couches, y compris rechange ou pour la nuit?

Joker · 29-05-2024 18:54:09

Cool, mais on veut la suite !!

Sinon, la farpoint suffit comme couche chaude ?
C'est quel grammage ?

moïse · 29-05-2024 19:00:38

Quand on commence à exprimer le D+/D- en km.... Ça force le respect !
Merci d'avance pour le partage de cette aventure.
Bonne ballade...

WouinWouin · 29-05-2024 20:35:43

Je ne pensais pas attirer autant de lecture à cette période de l'année

Je posterai le 1er jour demain. Il me faut juste extraire quelques photos des vidéos prises avec la GoPro.

Pour ce qui est des vêtements, je fais partie des gens qui ont vite chaud quand ils sont actif. En revanche, je suis plutôt sensible à la chaleur.
En actif par temps froid, je n'utilise que mon hoodie avec ma veste de plus par dessus. J'ai déjà affronté des températures légèrement négative dans ces conditions et je suis toujours dans une zone confortable.
J'ai donc adapté ma liste en fonction de mes besoins. Pour la nuit, je dors avec un collant merinos, une paire de chaussette et mon hoodie en alpha 70.
Je trouve que l'alpha est agréable même en première couche. Il est en revanche un peu "transparent" donc en publique, ça donne un certains style
Si je devais affronter des conditions vraiment difficile, je pourrais toujours mettre ma polaire en alpha en actif aussi, mais cette situation ne s'est jamais présenté à moi.

Joker · 29-05-2024 21:23:34

Je suis bien d'accord avec toi, en actif, la polaire alpha plus veste de pluie c'est largement suffisant et trop en première couche.
Le question était plutôt pour le soir, mais j'imagine que tu vas vite dans ton sac de couchage.

Bombadyl · 29-05-2024 23:26:42

Chouette !
Un dernier récit estival avant l'été
Moi qui pensais être à la bourre
Je m'installe avec toi dans le train pour Trieste.

brons07 · 30-05-2024 06:53:14

C'est reparti, super!

WouinWouin · 30-05-2024 16:17:59

Jour 1

Tracé GPX

Après un long moment à tourner dans mon lit, je décide de me lever et de quitter ma cabine même s'il est encore tôt. Le train vient à peine de quitter la gare de Villach et prend la direction de la frontière entre l’Autriche et l’Italie. Juste avant de passer en Italie, le train passe par le village de Thorl Maglern, lieu où j’ai prévu de me rendre après mon passage de Slovénie. Je resterai la fin de ce voyage à admirer les paysages montagneux qui m’entourent. Arrivé à la petite gare d’Udine, je prends mon dernier train en direction de Trieste. A cette heure, le train est vide et je serai le seul passager du voyage. Celui-ci fut fort agréable en se terminant avec de belles vues sur la mer Adriatique.

Il est à peine passé 8h quand j’arrive à la gare terminus et je ne perds pas de temps pour me rendre à mon point de départ symbolique. J’ai choisi de ne pas faire dans l’originalité et de partir du bout de la jetée tout comme l’avait fait Hervé et Noiky.

Le Top départ !

8h25, c’est le top départ. Je pose le premier pas sur mon itinéraire qui devrait en compter plusieurs millions. Il fait déjà bien chaud et je sais que les heures qui arrivent le seront encore d’avantage. Toute l’eau que j’avais avec moi ayant été consommé durant le voyage, il me faudra en trouver rapidement mais je sais qu’il devrait y avoir des fontaines dans le parc que je vais traverser. Après avoir traversé deux jolies places, je poursuis mon chemin qui commence déjà à s’élever.

Je n’ai pas encore atteint le parc que je transpire déjà. L’hydratation sera donc très importante et je sais que je devrai être vigilant à l’eau jusqu’à la frontière autrichienne. La traversée de ce grand parc à la sortie de Trieste est très agréable et se fait sous le couvert des arbres. Par moment, on peut distinguer la mer et voir que l’on s’élève petit à petit. Comme anticipé, je croise plusieurs fontaines où je pourrai prendre de l’eau. Cependant, je décide de ne pas porter plus d’un litre. Je dois normalement encore croiser plusieurs fontaines dans la journée. En quittant le parc, je poursuis sur la route pour quelques centaines de mètres avant de rejoindre un sentier de randonnée.

La mer Adriatique s'éloigne petit à petit

Ici, le décor change un peu. La végétation est moins haute et je traverse plusieurs prairies bien exposées au soleil. Le mont Kokos est juste devant moi et symbolise la frontière avec la Slovénie. Avant d’y grimper, je passe par le petit village de Bazovica pour faire une remise à niveau de mon eau. Même si le village n’est pas bien grand, il y a pas mal de touriste. La terrasse du glacier est d’ailleurs bien remplie ! J’y ferai bien une pause vu la chaleur mais je parviens à me persuader de continuer ma route.

Le Kokos droit devant

La première partie de la montée du mont Kokos se fera en prairie avant de gagner le couvert des arbres pour la fin de l’ascension. Une protection bienvenue vu les températures même si cela n’offre pas de belles vues. Malgré le gain d’altitude, il n’y a plus le petit vent de la côte qui rendait la température un peu plus supportable.

Je croiserai le premier refuge du trek au sommet du Kokos. Celui-ci semble ouvert mais il n’y a pas un chat. De mon côté, je décide de poursuivre pour rejoindre Lokev. La descente m’offre une belle vue sur ce qu’i m’attend avec au loin, le mont Nanos.

Le Nanos en toile de fond

Le chemin est facile et j’atteins rapidement Lokev et son cimetière où je rempli à nouveau mes flasques d’eau. Je poursuis mon chemin et décide de manger en marchant. Je m’étais préparé des wraps avec du fromage et du jambon sec. Vu la chaleur, il était plus que temps de s’en occuper. En quittant Lokev, je quitte les petits sentiers pour les pistes bien large sans aucune protection contre le soleil. Je suis bien content de mon hoodie dans ces conditions ! Alors que j’approche de Matavun, une pause va s’imposer à moi. En effet, je commence à avoir la nausée et à transpirer abondamment. Je décide de faire cette pause sur le parking du site des grottes de Skocjan. Il y a une fontaine et des toilettes à proximité, tout ce qu’il me faut vu mon état. Je dénote un peu par rapport à la foule venue visiter le site mais j’en fait abstraction. Si dans un premier temps je me demande si je ne vais pas m’arrêter là pour la journée, je décide finalement de poursuivre après 1h30 de pause. Mon état s’améliorant petit à petit, je me dis que ce sont certainement les wraps qui ne sont pas passés. Juste après être reparti, je découvre le très beau site des grottes.

De quoi redonner le sourire

Le point de vue est bien sympathique mais je ne traine quand même pas trop. Après une hésitation, je choisi de modifier mon itinéraire. Celui-ci devrait passer proche d’une piste d’aéroport. La zone semblant complètement dégagée sur ma carte, je choisi de prendre un chemin un peu plus long mais qui devrait me permettre de rester plus longtemps à l’ombre. La traversée du petit village de Dolnje Lezece ne me permettra pas de reprendre de l’eau ne croisant pas de fontaine. Alors que je suis au milieu des bois, je suis à nouveau pris de nausée et ma sudation augmente d’un coup. Ma progression va s’en retrouver grandement ralentie. Je dois bien me rendre à l’évidence, ce ne sont pas les wraps qui ne sont pas passé, je suis victime d’insolation. Je vais tant bien que mal aller jusqu’à un petit parking le long d’une route pour faire une nouvelle pause. Un couple d’allemand en camping-car me voyant arriver péniblement me proposera de l’eau pour me rafraichir. Une bénédiction vu la situation. Je profite de cette pause pour évaluer ce qui serait le mieux pour la fin de journée. Je me fixe comme objectif de rejoindre Senozece, prochain point d’eau sur ma carte, avant de rechercher un spot de bivouac. Mon état s’améliorant à nouveau un petit peu, je me remets en route. Cependant, je manque de lucidité et perd le sentier rapidement. Après un nouveau temps de réflexion, je décide de rejoindre la route qui me mènera à mon objectif. Je continuerai de rester au maximum sous le couvert des arbres, mais la température restera chaude. Le Nanos s’est bien rapproché depuis la dernière fois où je l’avais vu, mais je sais que je ne pourrai pas aller à son pied aujourd’hui.

Arrivé à Senozece, je fonce directement à la supérette afin d’y acheter quelque chose pour me rafraichir. Malheureusement, celle-ci est fermé. De l’extérieur, il était difficile de savoir si cette fermeture était journalière ou définitive. Voyant sur ma carte qu’il y a un petit restaurant, je décide de m’y rendre pour voir s'il est possible d’y prendre une boisson fraîche. Une fois sur place, je découvre que c’est une auberge et qu’il est possible d’y passer la nuit pour 35€. Je prends le temps de la réflexion durant une limonade bien fraiche. Il serait plus raisonnable de me prendre une nuit ici afin de pouvoir me rafraichir toute la nuit. J’ajouterai à cette nuit une très bonne salade de thon une fois que l’appétit sera un peu revenu. Je profiterai largement de douche fraiche en en prenant régulièrement afin de diminuer ma température corporelle. Je pensais qu’avec mon t-shirt manche longue capuche, j’étais à l’abri des insolations. J’ai pourtant fini par comprendre qu’il était possible d’en subir à partir du moment où le corps montait en température. Je passerai le début de soirée à lire des retours d’HRPiste sur le forum. J’y découvre que je ne suis pas le seul à subir la chaleur et qu’il me serait peut-être utile de m’acheter des électrolytes quand je passerai dans une ville. Je n’irai pas dormir trop tard avec pour objectif de partir à l’aube. Les températures pour le lendemain n’étant pas annoncé à la baisse.

Hervé27 · 30-05-2024 17:34:22

Je vois que ce fut difficile dès le départ ... Heureux de revoir quelques lieux par l'œil d'un autre !

La bonne gestion de l'eau reste en effet primordiale à travers la Slovénie karstique. Pour ma part j'étais parti à l'aurore de Trieste pour profiter le plus possible de la fraîcheur du matin, et le temps orageux avait ensuite pris le relais pour empêcher les températures de trop monter.

Allez, je retourne me faire des pop-corn pour la suite !

M1ms · 30-05-2024 21:40:48

Lu'...

[HS] : Jour 1 photo 1, le bateau ressemble beaucoup au A :
Le A est un yacht de luxe mis à l'eau en 2015. Ce navire, désigné à tort comme un voilier, est avant tout un yacht à moteur assisté par des voiles. Conçu par Philippe Starck (intérieurs, extérieurs), il a été construit par le chantier naval de Nobiskrug à Kiel, en Allemagne. Il appartient à l'industriel milliardaire russe Andreï Melnitchenko. En 2021, « A » est le plus grand yacht à moteur à assistance vélique privé au monde.
Le 12 mars 2022, le navire a été saisi par les autorités italiennes dans le cadre des sanctions visant les oligarques russes à la suite de l'invasion de l'Ukraine.
[fin HS]

Voili/voilou, bonne continuation...

WouinWouin · 02-06-2024 11:25:11

Jour 2

Tracé GPX

Le réveil sonne à 4h30 pour un départ à 5h. Ayant souffert de la chaleur la veille, le but de ce départ matinal est d’éviter les heures chaudes au maximum. La météo me prédit des températures supérieures à 30° à 9h et je me dis qu’il serait bien que l’ascension du mont Nanos soit derrière moi à ce moment-là. Pour rejoindre le pied du mont Nanos, je dois aller à Razdrto. Il y a un peu plus de 100m de D+/- à faire en forêt. Malgré la température fraiche, je vais me retrouver en difficulté sur cette portion avec le retour de la nausée et de sueur abondante. De toute évidence, mon corps n’a pas récupéré de la veille. Je décide de passer l’affichage de ma montre en mode cardio et de ne pas dépasser les 150bpm. Dès que ce chiffre est atteint, je fais une petite pause. Cela me permettra de rejoindre Razdrto plus aisément. Vu la difficulté rencontrée pour un peu plus de 100m de dénivelé, je me vois mal m’attaquer aux 600 de la montée qui m’attend et décide de faire une pause pour réfléchir à mes options. J’envisage un moment de m’arrêter là pour la journée même s’il est à peine passé 7h du matin mais le fait que le seul hébergement du village soit complet m’en dissuade. Après 1h30 de pause, je décide finalement de repartir sur le même mode qu’à mon arriver, 150bpm maximum. Je fais le plein d’eau à la fontaine au départ de la montée car je sais déjà que cela va me prendre pas mal de temps.

Le mont Nanos, c’est parti !

C’est ici que je croise mes premiers randonneurs de mon aventure. Ici, tout le monde marche à la journée avec comme objectif un aller/retour du mont Nanos. La montée me sera difficile mais je parviendrai à progresser tout de même lentement avec de nombreuses pauses. Le fait de voir d’autres randonneurs en difficulté par rapport à la chaleur me rassurera tout de même un peu. Après la première partie sous le couvert des arbres, certains passages un peu aériens sont équipés d’une main courante. Rien de bien compliqué si ce n’est qu’après ce passage, je me retrouve bien exposé au soleil. Je décide d’accélérer un peu le pas surtout qu’un petit vent bien agréable fait son apparition. L’arrivée au sommet m’offre une belle vue sur l’adriatique mais le vent se renforçant me pousse à ne pas m’éterniser. Je décide de faire une pause sur une table à côté du refuge juste en contre bas. Celui-ci est en travaux mais il est tout de même possible d’y acheter à boire et à manger. Malgré le plein d’eau fait à Razdrto, je crains de ne pas en avoir suffisamment pour la suite et décide de m’acheter une bouteille d’1.5l. 5€, ça fait un peu mal mais je préfère tout de même l’avoir.

Passage avant de me retrouver au soleil

Le sommet du Nanos

Pause bien méritée à l’ombre

Le fait d’avoir réussi à monter ici sans être en grande difficulté me rassure un peu sur mon état physique mais je décide de poursuivre avec mon mode cardio pour la journée. La suite du chemin se fait en suivant plus ou moins la ligne de crête tout en restant sous le couvert des arbres. Même si la pente n’est pas raide, le fait que le sol de galais soit recouvert par un tapis de feuille morte m’invite à la prudence. Sur l’un de mes pas, un galait se dérobe et ma cheville droite se tord. Un crac se fait entendre et la douleur est vive. Je frapperai de rage le sol avec mes bâtons avant de rester assis au sol me disant «C’est déjà fini». C’est peut-être fini, mais il faut quand même que je me sorte d’ici. Le plus simple me semble d’aller jusque Strane et de voir ce qui est possible une fois arrivé. Je serai bien content d’avoir des bâtons pour assister ma jambe droite durant la descente car chaque pas sera douloureux.

Il faut quand même redescendre...

En arrivant au village, un petit espoir renait. Je n’ai presque aucune douleur une fois sur le plat. Heureusement pour moi, le village est couvert par le réseau téléphonique et cela va me permettre de comparer mes options. Je décide de m’arrêter au plus tôt aujourd’hui et de faire une journée off le lendemain afin de voir comment ma cheville évolue et tout cela, dans un endroit où il y aura une pharmacie. La ville la plus proche, Postojna, ne propose pas de logement abordable pour deux nuits sur internet. J’ai une possibilité à Logatec ou à Idrija. Le logement le moins chère est à Idrija et il dispose de la climatisation. Je me dis en plus que si je reprends, cela me permettrait de ne pas perdre trop de temps dans l’histoire.Je vais donc me remettre en marche en direction de Razdrto mais pas la route cette fois-ci. J’y prendrai un premier bus en direction de Logatec puis un second en direction d’Idrija. A peine arrivée, je foncerai à la pharmacie, celle-ci fermant peu de temps après. Je ferai l’acquisition d’une chevillière ainsi que de comprimés pour préparer des boissons isotoniques. Je me rendrai ensuite à mon hôtel où je serai bien content qu’on me propose un repas. Le seul restaurant ouvert ce soir étant déjà complet. Je profiterai également du petit congélateur présent dans ma chambre pour essayer de soigner ma cheville.

Insolation au premier jour, entorse au deuxième. L'aventure n'est pas partie pour durer si cela continue ainsi...

Jour OFF 1

Après une bonne nuit de sommeil, sans surprise, ma cheville est encore douloureuse. Cependant, elle n’a pas gonflé. Au programme de la journée, crème anti-inflammatoire, compresse froide et pied surélevé. En fin d’après-midi, je déciderai de faire tout de même un petit test de marche. 6km le long de la rivière Idrijca, chemin par lequel j’avais prévu d’arriver. Je sens bien qu’elle est sensible, mais avec la chevillière, je n’ai aucune douleur tant que le terrain est plat. Je décide de reprendre mon aventure le lendemain matin en me disant que par le passé, un certain Hervé était parvenu à faire l’arc alpin avec une cheville foulée. Cela n’est donc pas impossible!

Si j’ai pensé un moment à prendre le bus vers Razdrto pour reprendre mon chemin où je m’étais arrêté, j’ai préféré poursuivre depuis Idrija principalement par crainte d’un manque de temps pour la traversée complète. Le trajet en bus prenant une demi-journée, j’aurais déjà accumulé un bon retard avec la journée off si tôt. Un retard que je me voyais mal combler avec une cheville mal en point.

Lors de cette journée off, je vais découvrir un petit problème sur mon sac à dos. Un problème lié au tissu ; l’Ultra 200. La partie intérieure du tissu (qui fait l’étanchéité) se désolidarise par endroit du tissu extérieur. Une fois désolidarisé, il commence à se déchirer. Avec un peu de colle et de tape DCF, je vais essayer de le réparer en espérant que cela tienne le coup. Le problème est présent uniquement sur la partie en contact avec mon dos et seulement au niveau des épaules. Est-ce lié à un frottement ou à la chaleur ? Je ne sais pas.

La belle Idrijca

Compagnon de balade

Idrija

WouinWouin · 02-06-2024 11:53:57

Jour 3

Tracé GPX

Un nouveau départ à l’aube pour éviter au maximum la chaleur. D’un côté, je me réjouis un peu car cela devrait être mon dernier jour très chaud mais cela coïncide avec l’arrivée d’une grosse perturbation orageuse qui devrait durer 3 jours. Je commence déjà à réfléchir sur de potentiel solution de contournement si la traversée du parc du Triglav n’était pas possible.

En quittant Idrija, je découvre l’un des sports nationaux en Slovénie : le potager. Chaque habitation dispose de sa parcelle avec plusieurs rangés de légumes bien ordonnées. La journée débutant par 500m de dénivelé me permet de voir que je n’ai toujours pas entièrement récupérer de mon coup de chaud du premier jour. A mi-chemin de cette première ascension, je vais croiser un animal que je ne vais pas parvenir à identifier. Il était de couleur brun orangé mais il me semblait bien grand pour être un renard.

Idrija au petit matin

Fin de la montée juste avant de passer les 900m d’altitude où je regagne une route que je vais suivre un bon moment. Le gain d’altitude se fait bien ressentir par la baisse de température et un petit vent très agréable va m’accompagner pour le reste de la journée. Bonne nouvelle supplémentaire, ma cheville n’a pas été douloureuse ce qui me laisse penser que cela va aller pour la suite. Elle reste faible et je reporte une partie du poids sur l’autre jambe, mais ça tient. A l’approche de Ledine, le paysage commence à se faire un petit peu plus montagneux. On reste sur de la basse montagne, mais ce changement n’est pas pour me déplaire et me motive pour la suite de la journée. Vers 9h, je vais faire ma première pause de la journée en profitant d’une table et d’un banc. Le soleil est bien présent ma la chaleur reste supportable. Après avoir avalé ma banane, je poursuis en direction de Bevsek. En préparant mon itinéraire, je pensais que je ne trouverais pas d’eau entre Idrija et le col routier de Kladje. J’étais donc parti avec ma capacité maximale afin de ne pas manquer. Cependant, je vais croiser un robinet juste à côté de la route au moment de croiser une petite ferme. La pente est douce et la marche est très agréable d’autant plus que je découvre la vue sur le Porezen et la ligne de crête du parc du Triglav. Arrivé jusqu’ici aura été plus compliqué que je ne le pensais, mais la montagne est enfin devant moi ! Juste après Bevsek, je quitte brièvement le réseau de route/piste pour rejoindre un petit sentier. Après quelques centaines de mètre, je vais me retrouver devant une clôture à mouton qui me barre le chemin. Etant en contrebas, il m’est impossible de savoir s'il ‘y a des moutons qui serait protégé par un chien à l’intérieur de la clôture. Je choisi de contourner celle-ci en coupant à travers une prairie. Je retomberai finalement sur une piste qui me permettra de rejoindre mon itinéraire. Un nouveau point à Slabe me permet de voir que je me suis bien rapproché de Porezen. Je profite de la vue dégager pour faire un point météo. Les nouvelles ne sont pas bonnes, un orage violant est déjà prévu pour cette nuit. Moi qui pensais à dormir en tente proche du Porezen, je vais devoir revoir mes plans.

Changement de relief

Mes réserves d’eau arrivant doucement sur leurs fins, je décide d’allonger la foulée afin de rejoindre le col routier de Kladje où je devrais pouvoir faire le plein. Rapidement, ma cheville me rappellera à l’ordre. Marcher, c’est possible, mais pas trop vite sans m’exposer à la douleur. A partir du col, la piste reste à niveau sur 2km avant de redescendre dans la vallée. La perte d’altitude se fait bien ressentir avec une hausse des températures et l’absence de vent.

Le Porezen n’est plus bien loin, mais cela ne sera pas pour aujourd’hui.

En arrivant dans le fond de la vallée de la Cerknica, je vais être surpris de perdre mon sentier, celui-ci semblant avoir été emporté. Je vais rapidement comprendre le pourquoi. La vallée vient d’être touché par de violant orages dans les jours précédents. Les cours d’eau sont sortis de leurs lits et par endroit, ont emporté une partie de la route. De nombreux ouvriers sont présent sur place. Pas seulement pour dégager la zone, mais pour aussi protéger les habitations des orages à venir. Ici et là, des petits murs de terre sont installé afin de guider le torrent à venir. C’est dans ce contexte que je vois une auberge. Celle-ci vient de réouvrir car elle vient de récupérer un accès à l’eau potable. Cependant, il n’est pas possible d’y passer la nuit. On m’y déconseille de dormir dehors cette nuit vu les prévisions annoncées et que la seule possibilité proche est un hôtel au prochain village. Je prends donc la direction de Cerkno par la route ce qui me permet de voir l’étendue des dégâts. Dès mon arrivée au village, je me rends à l’hôtel pour une nuit.

Je ferai rapidement un petit passage à la supérette afin de prendre de quoi manger pour un repas. Un petit ravitaillement mais celui-ci n’était pas prévu à la base. On est loin de ce que j’avais imaginé avec toujours aucune nuit en tente après 3 jours de marche... De plus, de violant orages sont à nouveau prévu pour le lendemain à partir de midi et se poursuivant durant la nuit. Il faudra que je voie comment cela évolue afin de voir mes options pour affronter ce moment délicat. L’orage sera là bien plus tôt que prévu en frappant à 19h et je serai bien content d’être à l’abri pour assister au spectacle son et lumière. La vue de ma chambre permettant de voir le Porezen, cela me confirmera qu’il ne fallait pas passer la nuit dehors ! Au pic de l’orage, je pourrai compter jusqu’à un coup de tonnerre toute les 5 secondes.

Point positif de la journée, aucun souci physique. Mon coup de chaud du premier jour commence à passer et je dois rester très attentif à ma cheville, mais au moins, je n’ai pas rencontré de nouveau problème.

Hervé27 · 02-06-2024 12:05:18

Idrija est une étape agréable pour récupérer des 1ers jours de chaleur, souffler un peu et ravitailler, avant que d'aller chercher l'altitude. C'est sur ses hauteurs que j'avais croisé mes premiers chamois ... En attrapant un bus tu t'es épargné de (trop ?) longs kilomètres de piste à travers la forêt, à toujours s'inquiéter pour l'eau.

Tu n'étais cependant pas obligé de te tordre la cheville pour faire comme moi ...

La photo de la passerelle me rappelle le couple d'allemands nus qui s'y trémoussaient avant de sauter dans la rivière, tandis que j'attendais de pouvoir passer

bernard_lyon · 02-06-2024 13:20:11

Quel début… j'espère que la suite se passera mieux !

WouinWouin · 05-06-2024 13:38:27

Jour 4

Tracé GPX

Pour ne pas changer, départ peu après 5h. Cette fois-ci, ce n’est pas seulement pour profiter des heures fraiches, mais pour aussi tenter d’avancer autant que possible avant les orages. Ceux-ci sont prévu pour le début d’après-midi. Mon trajet prévisionnel passait par le Porezen puis par des crêtes. Autant le Porezen sera possible, autant les crêtes semblent s’éloigner. N’ayant pas prévu de passer par Cerkno initialement, je vais me laisser guider par mon GPS pour rejoindre le Porezen. Certains sentiers indiqués sur la carte n’existent plus pour rejoindre Poce, mais cela ne m’empêche pas de progresser.

Cerkno dans la brume

Le Porezen, c’est par là !

A partir de Poce, le Porezen est balisé d’un signe d’une fleur. La montée est très agréable m’offrant de belles vues. Je récupère mon trajet initial juste après le col Velbnik et attaque la dernière portion de l’ascension. Celle-ci ne présente plus beaucoup d’ombre mais les températures à cette altitude sont très agréables. J’atteins le sommet à 8h30 où je découvre une vue magnifique sur les crêtes, mais aussi sur le Triglav pour la première fois. Cette ascension s’est bien passée et je n’ai pas été mis en difficulté comme cela avait été le cas lors des précédentes montées à cause de mon insolation. Cela me permet de poursuivre mon aventure sereinement et de me dire que je serais capable de monter au col Vrh Bace aujourd’hui. Pour ce qui est des crêtes, j’aviserai en fonction de l’évolution de la météo. Je croise le refuge juste à côté du sommet. Celui-ci semble ne pas avoir eu de client la nuit passée. Il n’y a que deux trailleuses qui prennent un café avant d’attaquer la descente. La descente se fait bien mais je reste attentif. Je sais qu’Hervé s’y était blessé la cheville. Pour ma part, c’est déjà fait. Il est donc inutile d’en rajouter. Je serai surpris de voir de nombreux arbres de grande taille fraichement couché au sol. Difficile de dire si cela date de la nuit dernière ou de celles auparavant.

Le sommet du Porezen n’est plus bien loin

La vue depuis le sommet en direction du Triglav

C’est parti pour la descente

Pas de pause à Petrovo Brdo, juste le temps de remplir mes flasques dans un cours d’eau et j’attaque directement la montée. Niveau timing, ça joue toujours bien pour le col de Vrh Bace, mais pour aller plus loin, cela reste compliqué. Je vais en avoir la confirmation un peu plus loin en voyant les temps annoncés. Il est 10h45, le col est annoncé à 1h15, le premier refuge sur les crêtes à 3h30. Les orages devant arriver à 13h, c’est plus que compromis. Après une première partie plus pentue et sous le couvert des arbres, l’arrivée au col se fait en balcon avec de jolie vue en prime. Je fais une nouvelle pause au col le temps de décider ce que je vais faire du reste de ma journée. Il est 11h35 et les orages sont prévu pour 13h et devrait durer une bonne partie de l’après-midi. Il est également prévu des orages qui vont durer toute la nuit pour se terminer vers 7h du matin. Pour demain, les orages devraient être à nouveau présent pour le début d’après-midi. J’abandonne ici définitivement l’idée de m’aventurer sur les crêtes. Je n’aurais pas le temps de rejoindre le premier refuge avant que cela claque. L’option la plus réaliste me semble de poursuivre via des pistes à plus basse altitude et que si le temps devait trop se dégrader, de descendre jusqu’au lac de Bohinj où je pourrais trouver refuge.

Le Porezen depuis le col de Vrh Bace

Alors que j’ai gagné le réseau de piste, le ciel se couvre rapidement et le vent se lève. En quelques minutes, le temps devient orageux et à 13h30, le tonnerre commence à se faire entendre. La pluie sera intense durant 1h avant de se calmer. Ma veste de pluie fera bien le boulot pour me permettre de poursuivre en gardant le tronc au sec. Tout comme l’orage de la veille, le début aura été le plus violant avant de se calmer un peu. Les orages étant prévu jusque 19h, je m’attends à affronter une deuxième vague, mais il n’en sera rien. Un peu de pluie tout au plus. Au bout de la piste, le soleil est revenu. Je décide donc de remonter en altitude vers la station de Vogel plutôt que de redescendre au lac de Bohinj. La station est partiellement en travaux et les quelques touristes présent sont arrivé via une télécabine. En fin de journée, il n’y a donc pas grand monde et après la dernière cabine de la journée, vraiment plus personne. Je vais trouver un hébergement au refuge Zala. On est loin de l’esprit des refuges de montagnes. Le bâtiment semble un peu abandonné mais il est tout de même possible d’y prendre une douche. Le seul autre occupant est un ouvrier qui travaille sur un chantier de la station. Le “gardien” du refuge est dans un autre bâtiment ; le chalet Burja. On est sur un autre standing et un autre prix avec quelques chambres individuels. De mon côté, je suis dans un dortoir où chaque lit est séparé par une fine cloison. A savoir qu’il n’y a pas d’accès à l’eau potable dans la station et qu’il me sera nécessaire d’acheter de l’eau en bouteille. Même si le confort n’est pas incroyable, cela me satisfera tout de même car je serai à l’abri quand j’attendrai l’orage claquer dans la nuit.

Les derniers touristes de la station avant de reprendre la dernière cabine de la journée

Refuge Zala

Hervé27 · 05-06-2024 14:04:34

Orages, crêtes, cheville foulée, pistes, station (presque) déserte … D’où me vient cette impression de déjà vu ?

Tu me donnes des fourmis dans les jambes à vouloir y retourner…

WouinWouin · 05-06-2024 15:14:28

Hervé27 a écrit :

#705202Orages, crêtes, cheville foulée, pistes, station (presque) déserte … D’où me vient cette impression de déjà vu ?
Tu me donnes des fourmis dans les jambes à vouloir y retourner…

On peut dire que je marchais dans tes pas

Si je ne garde pas un souvenir incroyable des trois premiers jours, c'est en effet à partir d'ici que j'ai envie de revenir aussi !

Hervé27 · 05-06-2024 17:34:59

WouinWouin a écrit :

#705206On peut dire que je marchais dans tes pas

à cloche-pieds

WouinWouin a écrit :

#705206Si je ne garde pas un souvenir incroyable des trois premiers jours, c'est en effet à partir d'ici que j'ai envie de revenir aussi !

Et pourtant, à condition de bien gérer son hydratation, il y a matière à se faire plaisir durant ces 1ers jours de mise en jambes (sauf peut-être les trop longs kilomètres de piste entre Predjama et Vodice) : c'est champêtre, il y a des choses à visiter ... j'ai regretté de ne pas profiter des rares rivières / torrents pour m'y baigner ... mais l'appel de la montagne est trop fort, on veut vite s'extraire de la chaleur et atteindre la fraîcheur des Alpes Juliennes que l'on voit au loin dès le départ de Trieste ...

Dernière modification par Hervé27 (05-06-2024 17:36:09)

WouinWouin · 19-06-2024 13:11:30

Jour 5

Tracé GPX

Ayant pris l’habitude de me lever tôt, j’ouvre les yeux à 4h30. Il ne pleut plus et le ciel semble se dégager. J’en profite pour partir directement afin d’avancer tant que possible. Les orages prévus initialement vers 13h se sont un peu décalé pour arriver fin d’après-midi et durant la nuit. Cela devrait donc me laisser une bonne journée de marche mais je devrai être attentif en fin de journée pour trouver un endroit en sécurité. Je débute la journée par de la piste jusqu’à Planina Vogel. Un ancien refuge y est présent et une fontaine est indiqué sur ma carte. Malheureusement, celle-ci n’est plus connecté. Je vais donc devoir faire avec ce qu’il me reste de la nuit. Je sais qu’il n’y aura pas d’eau avant le prochain refuge donc je vais devoir être vigilant. J’attaque ensuite la monté en direction du col Vratca. J’y ferai plusieurs petites pauses pour admirer le paysage. En effet, dans mon dos, la vue est splendide en direction du Triglav.

Le Triglav droit devant

Vue depuis le col Vratca

A partir du col, la vue restera splendide et m’accompagnera jusqu’à la fin de la partie en crête et c’est dans ce décors magnifique que je vais croiser mes premiers chamois. Il fait beau, la température est clémente, que demander de plus ?

Chemin à flanc

Vue du col Konjsko Sedlo

Au col Konjsko Sedlo, je redescends un peu en altitude pour retrouver la végétation. Celle-ci n’étant pas très haute, je continue de profiter de beaux points de vue. Le refuge Dom na Komni restera quand même un soulagement. J’y arrive avec plus aucune réserve d’eau. Comme je m’y attendais, il n’y a pas de fontaine et je vais devoir me résoudre à acheter une bouteille d’eau. Cela fait un peu mal au portefeuille, mais dans cette zone calcaire, il n’y a pas beaucoup de solution. Je reprends le chemin en direction du prochain refuge, Koca pri Triglavskih Jezerih. Il y a 7.5km qui sépare les deux refuges et cela va s’avérer plus difficile qu’anticipé. Sur ma carte, la zone semblait plus ou moins plate mais il n’en est rien. Le chemin ne fait que monter et descendre et il est souvent nécessaire de regarder ses pieds pour avancer sans encombre. 1h après avoir quitté le refuge Dom na Komni, je vais croiser une source qui coule faiblement. Elle n’apparaissait pas sur ma carte, si j’avais su, j’aurais pu me passer d’acheter une bouteille. Cependant, je pense qu’il est quand même difficile de compter sur cette source vu son débit alors qu’il y a eu des précipitation importante les derniers jours. Je croise mes premiers randonneurs depuis le mont Nanos juste avant d’arriver dans la vallée des sept lacs et son refuge. Celui-ci dispose d’une fontaine et j’en profite allègrement ! Il faut toujours grand beau, les feux sont donc au vert pour poursuivre et grimper dans cette jolie vallée entre lacs et falaises.

Le lac Bonhinj sous les nuages

Arrivée au refuge Koca pri Triglavskih Jezerih

Je m’attendais à ce que cette section soit très touristique, mais il n’en est rien. Je croiserai très peu de randonneurs finalement. Le lac jezero v Ledvicah m’aurait bien tenté pour une pause d’autant plus qu’il n’y avait personne à portée de vue. Cependant, de gros nuages se formant à l’horizon me dissuade de faire une pause avant de passer le point haut de ma journée. Au niveau du dernier lac de la journée, Rjavo jezero, il est temps de prendre une décision. J’avais prévu initialement d’aller jusqu’au refuge Koca na Dolicu avant de descendre sur Trenta. Vu le timing et les orages annoncé, je préfère choisir de descendre directement sur Trenta via le col de Cez dol. Cette décision devrait me permettre de rejoindre le bas de la vallée avant la tempête. Je ferai tout de même une petite pause au refuge Prehodavci avec un soda pour fêter mon premier passage au-dessus de 2000m de mon aventure.

Jezero v Ledvicah

Un petit air de Dolomites ?

Trenta est annoncé à 2h, ça va le faire. La descente qui suit en direction du col de Cez dol se fait sur un très joli sentier bien aménagé alors que la pente est bien raide. Au col Cez dol, je suis un peu surpris de voir un panneau m’annonçant à nouveau 2h pour rejoindre Trenta alors que cela fait déjà 1h que j’ai quitté le refuge. Est-ce une erreur sur un panneau ou est-ce moi qui ai mal lu ? Je n’aurais pas la réponse à cette question. Je prends une dernière pause pour aérer un peu mes pieds avant de me lancer dans la dernière partie de la journée. Alors que j’étais à la limite de faire une petite sieste, je suis un peu réveillé par des chants slovènes. Des scouts sont occupés à remonter la vallée en direction du col où je suis. Ne parlant pas la langue, j’en resterai à un “Hello” à leur passage. Je poursuis mon chemin en direction de Trenta où je vais m’interroger sur le cours d’eau de la vallée. Par moment, il est bien présent, et par moment, il apparaît à sec. Je suppose donc qu’il s’infiltre par endroit mais il n’est donc pas toujours possible d’y récupérer de l’eau. 1400m de dénivelé négatif après avoir quitté le refuge, j’arrive enfin au village. J’y croise directement un camping où je demande s'il est possible d’y passer la nuit. Il reste un peu de place pour ma tente, c’est parfait ! Cependant, je ne la monte pas tout de suite car on m’informe que la supérette est encore ouverte jusque 19h. Je m’y rends de ce pas afin d’agrémenter mon repas du soir de quelques sucreries supplémentaire. L’estomac rempli, je monte ma tente pour la première fois. Ce n’est pas en pleine nature, mais de toute façon, je suis toujours dans le parc du Triglav et le bivouac y est interdit. Le camping me permet de prendre une bonne douche avant d’aller dormir. En itinérance, la douche reste ce qu’il me manque le plus. L’orage prévu en fin de journée n’arrivera qu’au milieu de la nuit. Comme les précédents, il sera intense mais pas très long.

Descente vers Trenta, les nuages tournent au gris

Dernière modification par WouinWouin (19-06-2024 13:41:30)

WouinWouin · 19-06-2024 13:41:06

Jour 6

Tracé GPX

Le réveil est un peu compliqué ce matin. L’orage m’a réveillé au milieu de la nuit et j’ai cru un instant que ma tente avait un problème d’imperméabilité. Ce n’était que la condensation importante qui me tombait dessus à cause des impacts de grêle du la toile. Rien de bien grave finalement, mais ce petit coût de stress au milieu de la nuit ne m’a pas permis de me réendormir rapidement. Au réveil, il pleut toujours et la motivation n’est pas bien grande pour sortir de mon duvet. Le temps va être orageux toute la journée et il ne sera peut-être pas agréable d’avancer. Un peu après 6h, la pluie semble se calmer et je décide de me mettre en chemin. Au loin, un peu de ciel bleu me laisse espérer que le temps pourrait s’améliorer. A peine parti que je passe par un pont suspendu au-dessus de la Socca. Avec le temps gris, les eaux sont un peu moins turquoise que je ne l’avais imaginé mais cela reste très joli. Je n’ai pas fait deux kilomètres que la pluie redevient plus intense et le tonnerre gronde. Je décide de retourner sur Trenta et d’attendre que cela passe. Si je peux garder mes pieds au sec un peu plus longtemps, cela est déjà ça de pris!

La Socca

1h plus tard, c’est reparti pour remonter la Socca sous une pluie fine. Avec la météo, je me retrouve seul sur les sentiers qui longent la rivière. Sous un grand soleil, il y a de grande chance que la zone soit un peu plus touristique. Le dernier tronçon du sentier étant fermé pour travaux de réaménagement, je suis la route jusqu’à atteindre le refuge de la source de la Socca. Celui-ci est aussi fermé pour travaux mais une fontaine à l’extérieur me permet de refaire mes niveaux d’eau.

J’attaque ensuite la monté au col Vrsic, plus haut col routier de Slovénie. Les panneaux m’annoncent deux heures pour y arriver. Il faudrait donc que je pousse un peu car dans deux heures, les premières perturbations orageuses de la journée pourraient faire leurs apparitions. Il y a de toute façon un refuge au col si je devais avoir besoin d’un abri. Le dénivelé peu important et la pente régulière vont bien se prêter à une montée rapide en direction des nuages. En effet, la vallée derrière moi est occupé à se dégager alors que devant, les nuages sont toujours bien présents. Je vais rapidement gagner l’étage nuageux que je ne quitterai plus jusqu’au col. 1h20 à la place de 2h, je suis content d’être en avance sur les prévisions. Cela va me permettre de poursuivre la montée en direction du col Vratca prelaz et de ne pas redescendre directement.

Arrivée au col Vrsic

Malgré le gain d’altitude, je vais rester dans les nuages et c’est bien dommage car ma carte m’indique de nombreux points de vue. Après le col Vratca prelaz, j’enchaine directement sur un autre, Slatnica, en restant à flanc plus ou moins au même niveau. J’y arrive trempé d’humidité toujours dans une ambiance brouillard. Le petit sommet à côté promettait certainement de très belles vues, mais en ce jour nuageux, je n’ai aucun espoir que les 100m de D+ qui m’en sépare soit suffisant pour pouvoir voir plus loin que quelques mètres. Je suis content de débuter la descente et de quitter cette section de cols avant l’arrivée des perturbations. Je reprends donc un rythme un peu plus lent surtout que je dois rester attentif à ma cheville lorsque la pente est négative. Arrivé dans la dernière partie de la descente, le sentier rejoint un cours d’eau qui passe entre deux falaises. Le sentier sensé longer le cours d’eau à visiblement été emporté et la descente devient un peu plus acrobatique. Rien ne tient vraiment entre petit rocher et boue sablonneuse. C’est ici que j’abandonne l’idée de garder mes pieds juste humides car par moment, le moyen le plus simple de progresser sera de passer par le torrent. Cette section m’a également permis de repasser sous le couvert nuageux. Le temps semble plus clair au nord, cela tombe bien, c’est là que je vais !

C’est par là que ça se passe

Le temps semblant se maintenir, je décide de poursuivre en direction de Ratece et de ne pas m’arrêter au refuge Tamar. Je quitte le sentier pour une large piste où je vais commencer à croiser plusieurs randonneurs. Ils sont tous autrichiens ou allemands et font l’Adria Trail. Je ne suis donc pas le seul à braver les éléments en cette période de météo peu clémente.

Alors que je suis sur une piste plate, je vais manquer de me retordre ma cheville. La douleur qui m’avait quitté refait son apparition. En inspectant le terrain, je serai bien incapable de comprendre comment ma cheville a pu se dérober mais c’est un signal pour que je sois plus attentif.

Je ne vais pas m’attarder non plus au niveau du complexe de saut à ski bien que je sois toujours très impressionné de la hauteur des tremplins. De toute façon, vu la météo, il n’y a aucun sauteur à l’entrainement. L’orage prévu va finalement claquer vers 13h juste avant mon arrivée à Ratece. Je vais dans un premier temps me réfugié dans la supérette où je trouverai tout ce dont j’ai besoin pour un ravitaillement. Cependant, je n’ai pas besoin de me charger outre mesure car j’ai prévu de me ravitailler à nouveau dans 2 jours à Nassfeld. Je vais ensuite profiter d’un abri bus pour grignoter une barre en attendant que la pluie intense se calme. Après 30min sans amélioration, je décide finalement d’aller prendre refuge dans une auberge pour y manger une bonne assiette de pate ainsi qu’une belle coupe de glace. Je prends mon temps pour manger en espérant que le temps se calme, mais malheureusement, cela n’évolue pas positivement. Un update de la météo me mine encore plus le moral en découvrant que des orages sont à nouveau prévu pour la nuit. Je me dis que j’ai tout de même fait 25km aujourd’hui et que vu les conditions, ce n’est pas trop mal. Je profite de payer ma note pour demander s'il y a encore des chambres de disponible. On me dit que c’est complet mais qu’il serait possible d’avoir une chambre dans une des deux autres auberges du village. Malheureusement, elles afficheront complet également. Après un nouveau temps de réflexion à l’abri bus, je décide de reprendre mon chemin en direction du Dreiländereck. Un refuge indiqué sur ma carte un peu avant le sommet pourrait m’offrir un abri pour la nuit même si pour le moment, le temps semble un peu se calmer.

Une pause plus qu’améliorée ! Le tout pour 10€

Alors que j’ai entamé la montée, contre toute attente, le soleil va faire son apparition. Je vais tout de même aller jusqu’au refuge pour découvrir qu’il est abandonné et qu’il n’est pas possible d’y entrer.

Le temps semble finalement se dégager un peu

Je ne vais pas être déçu d’avoir poursuivi en arrivant au sommet car je vais découvrir une très jolie vue à 360° sous un beau ciel bleu. J’y serais bien rester pour y poser ma tente, mais les orages prévus dans la nuit m’incitent à redescendre en vallée. Je me réconforte en me disant que j’aurai encore de nombreuses occasions de faire des bivouacs d’altitude dans les jours qui viennent.

C’est ici que je quitte la Slovénie. Je pensais que cela allait être une mise en route tranquille avant d’attaquer une montagne plus haute en altitude mais la météo et ma cheville tordue auront rendu la tâche plus difficile qu’anticipé.

Dreiländereck

Aurevoir Slovénie

Le début de l’Autriche

La descente vers Thor-Maglern me paraitra très longue même si j’aurai droit à de joli panorama sur la vallée autrichienne. Les prévisions météo s’améliorant pour la nuit, je décide finalement de ne pas chercher un logement dans le village et de repasser la frontière côté italien pour poser le bivouac. Je me poserai le long d’une piste cyclable et pourrai profiter d’une table pour mon repas.

Au moment de rentrer dans mon duvet, je vais me rendre compte que cheville droite me démange de plus en plus. Visiblement, le combo chaussette/chevillière cumulée à l’humidité importante a été un terreau fertile pour le développement fongique. Il faudra que je trouve une solution à ce problème rapidement si je ne veux pas que cela s’empire dans les jours qui arrivent. La nuit sera finalement calme sans une goutte de pluie.

Hervé27 · 19-06-2024 18:57:43

De belles journées mais des terrains pas idéaux pour une cheville flageolante …

Je me souviens de chaque point d’eau que tu cites, tellement l’obsession de l’eau est permanente dans cet environnement. Ce sera un enchantement de voir la peur de la soif disparaître au long des Alpes Carnique, où chaque Alm prodigue sa fontaine.

La vue arrière sur les Alpes Juliennes après Vrsic est sublime. Dommage que tu sois passé dans la brume.

Tu avais repéré les ouvertures de la supérette de Nassfeld ? Beaucoup s’y cassent le nez tant les jours et horaires sont restreints …

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#1 29-05-2024 16:48:07